L'équipe MARSS travail depuis sa création avec des personnes en situation de grande exclusion.
MARSS essaye de répondre ici et maintenant aux besoins de ces personnes, sans jugement et en respectant leur agendas et leurs priorités (approche de la réduction des risques).
MARSS est donc amené, pour répondre de façon spécifique aux besoins de ces personnes, d'experimenter des nouvelles solutions.
L’équipe MARSS se veut avoir une approche pragmatique.
Nous parlons ici du sens philosophique du pragmatisme, qui avance que la réalité ne peut se comprendre qu'a travers l’expérimentation.
Nous partons donc du principe que toute action n'est pas bonne ou mauvaise a priori mais doit être évaluée de façon rigoureuse.
MARSS a une approche communautaire au sens où nous travaillons dans la communauté, là ou les gens vivent (rue, squat, logement) et notre équipe fait partie de cette communauté.
Nous avons besoin, pour être efficace que des professionnels de l'équipe possèdent un savoir expérientiel. Nous recrutons donc des personnes dites « travailleurs pairs » qui sont « passées par là ».
C'est-à-dire qui ont fait l'experience de la folie, de la dépression et du système psychiatrique, mais aussi de la rue, de la prison et des addictions.
Nous recrutons également des professionnels "classiques" qui sont directement (eux-même) ou indirectement (leurs proches) concernées par ces différentes expériences.
Les valeurs
L’équipe essaye de ne pas dissocier, dans ses réalisations concrètes, les faits (actions) et les valeurs (au sens de valeur fondamentale, morale et éthique) (Putnam, 2004)
Ce souci de ne pas dissocier fait et valeurs peut d’autant mieux se comprendre quand on sait que Putnam comme Sen (Sen, 2004) expliquent le maintien et l’aggravation des inégalités par une dissociation que font les économistes et les chefs d’Etat, des faits et des valeurs.
Si MARSS essaie dans la définition de sa pratique même (les faits) d’être en accord avec ses objectifs finaux (les valeurs), elle n’y arrive pas toujours.
Les grands principes du travail de rue sont à ce titre exemplaires de la tentative de concilier ce lien étroit entre faits (s’approcher sans s’imposer, faire ce qu’on dit et dire ce qu’on fait, ne pas juger, ne pas être dans une relation de pouvoir/savoir, mais dans de la réciprocité) et valeurs (citoyenneté).
Le travail de rue amène parfois à pratiquer une contrainte particulièrement violente (hospitalisation sous contrainte) alors que la valeur fondamentale de l’équipe est celui du rétablissement (donc de redonner aux personnes le pouvoir d’agir sur leur vie).
MARSS se bat et se moblise pour plus de justice sociale.
Cette justice sociale passe selon nous par une défense des droits élementaires des personnes à pouvoir être informées de façon claire et immédiate concernant le savoir que possède l'équipe sur sa propre situation.
L'équipe MARSS essaye de ne pas avoir de rapport de domination dans les relations qu'elle construit avec les personnes avec qui elle travaille.
L'équipe MARSS essaye aussi d'être transparente sur son fonctionnement, ses objectifs, ses limites et l'origine de ses financements, tant au sein de différents collectifs où elle est impliquée qu'avec toute personne qui souhaite en savoir plus sur MARSS.
Enfin MARSS considère que la question du transfert de savoir, c'est-à-dire de rendre possible l'accessibilité au savoir pour les personnes qui en sont privées, est un élément essentiel de MARSS.
Sen et Putmann expliquent le maintien et dans certains cas l’aggravation des inégalités par une dissociation que font les économistes et les chefs d’Etat, des faits et des valeurs, au nom de l’idée que les valeurs seraient des suppositions métaphysiques. Ces mêmes économistes, qui se sont opposés ouvertement à tout discours sur l’épanouissement, car faisant partie, au même titre que l’éthique, de suppositions métaphysiques, ont avalé sans réserve la métaphysique du positivisme logique, creusant ainsi les inégalités au nom d’autres valeurs (Walsh 1996) .