EX.I.L.E.S : Expériences et itinéraires limites – Existences et Subjectivité
Trajectoires biographiques, narration de soi et subjectivité dans l’exil, la maladie et la précarité
Résumé court :
Cette recherche débutée en Juin 2015 se propose de documenter les parcours biographiques des personnes prises en charge par l’équipe MARSS, avec une attention particulière sur l’expérience des migrants.
Il s’agit ici de comprendre comment les individus s’efforcent de donner sens à leurs existences, généralement marquées par l’exil et par des ruptures biographiques.
Résumé :
En prenant comme point de départ les récits que font les personnes des épreuves qu’elles ont traversées, nous souhaitons à un premier niveau documenter des trajectoires et expériences souvent ignorées.
Que les personnes suivies par l’équipe soient migrantes ou non, elles ont en commun le fait de rencontrer le déracinement, sous des formes multiples, allant d’un exil « intérieur », existentiel, à un exil physique – migration.
C’est à cette expérience morale particulière que nous qualifions ici provisoirement d’expérience du déracinement que nous nous intéresserons en priorité, en examinant notamment les liens qu’elle entretient avec la santé mentale.
Dans ce contexte, nous examinerons le retentissement des pratiques et dispositifs institutionnels, notamment les hospitalisations sous contrainte, mais aussi les dispositifs innovants – dont notamment les groupes d’entendeurs de voix, ou de personnes ayant des idées non partagées.
Il s’agira de comprendre de l’intérieur comment les individus parviennent à redonner sens à leur existence et à se réapproprier leur expérience.
Dans ce cadre, les récits ne seront pas seulement considérés comme les sources de données : nous envisagerons le rôle qu’ils jouent dans les processus de réappropriation de l’expérience, dans la mesure où ils permettent aux individus de donner du sens à ce qui est parfois à peine dicible, et d’affirmer leur identité de sujet dans le monde (Jackson, 2002).
En d’autres termes, nous tenterons de rendre compte de l’agencement de formes de vie (Wittgenstein, 1953) singulières, en lien avec des jeux de langage socialement, historiquement et institutionnellement produits.
Nous explorerons ce que se joue chez des individus déracinés qui, malgré les contraintes structurelles qui pèsent sur eux, agissent afin de s’aménager un propre (De Certeau, 1980), de constituer un espace leur permettant de se sentir « chez eux dans le monde » (Jackson, 1995).
Certeau de, M. (1994), L’invention du quotidien Tome 1 Arts de faire, Paris, Gallimard. (1ère éd. 1980)
Jackson, M.
– (1995), At Home in the World. Durham, Duke University Press.
– (2006), The Politics of Storytelling. Violence, Transgression, and Intersubjectivity. Copenhagen, Museum Tusculanum Press. (1ère éd. 2002).
Wittgenstein, L. (2004), Recherches philosophiques. Paris, Gallimard. (1ère éd. 1953).