Histoire du rétablissement
Le concept de rétablissement est né dans les suites du mouvement pour les droits civiques aux Etats-Unis, au sein du mouvement des usagers de la psychiatrie.
Certains d'entre eux se faisaient appeler « les survivants de la psychiatrie », en référence à la maltraitance, l’inefficacité et la toxicité du système de soins qui prétendait les soigner (Davidson et al., 2010).
Des personnes ayant expérimenté la maladie mentale sévère, souvent la schizophrénie, ont témoigné à la première personne de leur parcours de lutte contre la maladie, mais aussi et surtout contre la stigmatisation, l’exclusion et la violence sous toutes ses formes (Fox, 2001; Snyder, 2006).
Ce processus singulier, unique, pour retrouver un sens à sa vie, une place dans la société, les usagers l’on appelé « recovery » (Davidson et al., 2010).
Si plusieurs chercheurs et cliniciens ont évoqué la possibilité de guérison dans la psychose depuis plus de 200 ans, c’est avec la première étude longitudinale multicentrique (10 pays) sur la schizophrénie, pilotée par l’OMS au début des années 70, que des données probantes ont permis de mieux mesurer l’importance du phénomène (Carpenter & Strauss, 1991).
Aujourd’hui, cette cohorte multi-centrique, et d’autres études longitudinales plus récentes, permettent de remettre en cause la notion d’incurabilité de la schizophrénie, montrant des taux de rétablissement, selon des critères cliniques, d’environ 30 % durant les 5 premières années de la maladie.
Ces résultats sont sensiblement les même au Nigéria, en Inde, en Colombie et dans les pays riches (Sartorius et al., 1996).
Depuis la fin des années 80 des chercheurs en sciences humaines et sociales s’attachent à décrire ces processus, notamment à travers des histoires de vie, et d’en révéler les éléments communs (Lysaker et al., 2010).
Les points de vue des usagers de la psychiatrie et des chercheurs diffèrent parfois sur la définition du concept de rétablissement (Bellack AS., 2006).
Depuis le début des années 90, des propositions concrètes sont faites pour intégrer ces différentes informations afin que le système de soin psychiatrique, largement perfectible, puisse accompagner les personnes dans leur processus de rétablissement. (Le Boutillier et al., 2011).